D-LIVRE : Kely MOTUE SIMEU, auteure camerounaise


Le leadership au féminin est l’art pour la femme d’exercer ce leadership précédemment défini pour défendre une cause ou une position dans un domaine précis.


Kely MOTUE SIMEU, bonjour et merci de vous prêter à ce jeu de questions.Nous vous laissons vous présenter à nos abonnés.


Je suis Kely MOTUE SIMEU, banquière depuis 12 ans, actuellement Senior Manager en Banque. Par ailleurs, je suis chercheure en datamining appliqué au domaine bancaire. J’exerce en tant que Responsable Qualité et Organisation dans la première banque du Cameroun. Mon expertise se concentre sur le management de la qualité et l’amélioration des performances, principalement dans le secteur bancaire.
Au-delà de ma carrière, ma conviction profonde dans le pouvoir du don de soi pour des causes nobles a trouvé son expression dans la création du Ladie’s Club for Leadership.
En tant que fondatrice, notre mission quotidienne va au-delà des frontières professionnelles. Nous nous consacrons à guider les femmes en général, et la femme africaine en particulier, vers le leadership, à travers l’autonomisation financière.
Parce que je crois fermement qu’en partageant le pouvoir de la connaissance et en créant des opportunités, nous construisons un avenir où chaque femme peut réaliser son plein potentiel de leader, contribuant ainsi au progrès de la société, j’ai écrit en 2019 un livre sur ce qu’il faut de manière pratique pour lancer une affaire en Afrique. Et cette année, j’ai sorti le livre sur mes leçons de leadership au féminin.

Mes dix leçons de leadership au féminin en contexte africain est effectivement votre récent livre. Il a paru aux Editions IFRIKIYA et sera présenté au public ce mardi 26 mars. Kely MOTUE SIMEU, qu’est-ce que le leadership et qu’est-ce que le leadership au féminin ?


Le Leadership est l’art de convaincre les autres d’adhérer volontairement à une cause. Le leadership au féminin est l’art pour la femme d’exercer ce leadership précédemment défini pour défendre une cause ou une position dans un domaine précis.

Concernant le management par les femmes au Cameroun, quel constat faites-vous ?

De nos jours, nous assistons de plus en plus à une dynamique de révolution entrepreneuriale portée à vocation de faire du continent Africain une terre meilleure pour les années à venir. Ainsi, de nouvelles idées naissent, des pistes jusqu’ici restées vierges commencent à être explorées grâce à l’essor du digital et d’internet. Dans cette mouvance, nous constatons des initiatives exemplaires portées par la gent féminine. Les femmes représentent la moitié de la population africaine et produisent 62 % des biens économiques, mais elles ne sont que 8,5 % à être salariées. L’Afrique est devenue, en quelques années, le premier continent de l’entrepreneuriat féminin : 24% des femmes y créent une entreprise, soit le taux le plus important à échelle mondiale (en 2021). Activités rentables, outils nécessaires et questions de financements sont là des sujets qui intéressent le plus grand nombre.

Quel modèle de management préconisez-vous au Cameroun et en Afrique ?


Un modèle de management juste dans lequel chacun joue un rôle, partant sur des bases équitables.

A quelle(s) femme(s) pensez-vous pour illustrer un ou des modèle(s) de leadership au féminin en Afrique ? Quelles sont ses(leurs) particularités ?


Déjà, la liste ne saurait être exhaustive. Je vais plutôt citer des portraits de leadership qui m’ont marquée, moi :
Rosa Parks
Rosa Louise McCauley Parks, dite Rosa Parks [ɹoʊzə pɑɹks]1, née le 4 février 1913 à Tuskegee en Alabama (États-Unis) et morte le 24 octobre 2005 à Détroit dans le Michigan, est une femme afro-américaine, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, surnommée « mère du mouvement des droits civiques » par le Congrès américain.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosa_Parks


Oprah Winfrey
Oprah Winfrey est une animatrice, productrice, actrice et éditrice. Elle devient la première femme afro-américaine millionnaire et l’une des personnalités médiatiques les plus riches et les plus influentes dans le monde. Mais sa réussite fulgurante ne lui fait pas oublier d’où elle vient, et elle nhésite pas à soutenir de nombreuses associations caritatives.
https://www.elle.fr/Personnalites/Oprah-Winfrey


Vera Songwe
Elle est une économiste camerounaise, dirigeante au sein d’institutions financières internationales, la Banque mondiale, puis la Société financière internationale. De 2017 à 2022, elle est secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique. Vera Songwe est la 9e Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), devenant ainsi la première femme à diriger l’institution en 60 ans. En tant que Secrétaire exécutive, les réformes de Songwe, axées sur les « idées pour une Afrique prospère », ont mis au premier plan des questions cruciales de stabilité macroéconomique, de financement du développement, de croissance du secteur privé, de pauvreté et d’inégalité, de transformation numérique, de commerce et de compétitivité.
https://www.uneca.org/fr/secr%C3%A9taire-ex%C3%A9cutif/courte-biographie-de-la-secr%C3%A9taire-ex%C3%A9cutive


Ellen Johnson Sirleaf
Surnommée la « Dame de fer », Ellen Johnson Sirleaf a été présidente du Libéria de 2006 à 2018. Avant d’assumer la présidence et de revendiquer le titre de première femme chef d’État du continent africain, Mme Sirleaf a été Ministre des Finances sous le régime de Samuel K. Doe. Pendant cette période, elle a été condamnée à 10 ans de prison pour avoir critiqué le régime.
L’économie libérienne a prospéré sous Mme Sirleaf, jusqu’en 2014, date à laquelle l’épidémie d’Ebola a ravagé le Libéria et les pays voisins. En 2018, à la fin de son mandat, Mme Sirleaf a pu transférer pacifiquement le pouvoir à son George Weah – ce qui ne s’était pas produit entre les opposants politiques du pays depuis 1944.
https://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/octobre-2020/les-premi%C3%A8res-femmes-dirigeantes-africaines-%C3%A0-la-tribune-des-nations-unies

Anne Zingha

Une figure centrale de l’histoire de l’Afrique
Au XVIIe siècle, Anne Zingha règne sur les royaumes de l’actuel Angola et parvient à éviter la colonisation de son pays. Une icône angolaise et panafricaine de la résistance à l’impérialisme européen. Elle est un repère culturel, et une figure historique essentielle afin de comprendre la construction de l’identité angolaise. Durant la guerre de libération de l’Angola (1961 – 1974), sa mémoire a souvent été rappelée par les leaders de l’indépendance, qui l’ont érigé en icône. En 1975, à l’indépendance du pays, une statue a été érigée en son honneur à Luanda, comme symbole de la résistance et de la liberté. Mais l’esprit de résistance et de liberté de Zingha dépassera bientôt les frontières angolaises, devenant un symbole de la lutte contre la colonisation européenne. Et Anne Zingha incarne, aujourd’hui encore, une figure centrale de l’histoire de l’Afrique.
https://www.jeuneafrique.com/549021/culture/angola-anne-zingha-reine-du-ndongo-et-du-matamba/


Taytu Betul 

Chef de guerre et « Lumière » de l’Éthiopie
Symbole du panafricanisme, Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie et siège de l’UA, a été fondée par une femme : Taytu Betul. La même qui avait joué un rôle fondamental dans la victoire éthiopienne face à l’invasion italienne, en 1896. Une dépendance inacceptable pour cette fervente nationaliste : « Vous voudriez faire passer l’Éthiopie pour votre protectorat, mais il n’en sera jamais ainsi », écrit-elle à l’ambassadeur d’Italie en 1890. À Makalle, c’est elle qui conçoit le plan qui offrira la victoire à l’armée éthiopienne. Une chose est sûre : l’Éthiopie est le premier pays africain à avoir vaincu une armée coloniale européenne. Cette victoire fut un exploit retentissant dans un continent en proie à l’impérialisme européen, qui reste aujourd’hui encore un symbole universel de la résistance africaine à l’envahisseur colonial. Et grâce au rôle déterminant qu’elle eut à cette époque charnière, Taytu Betul continue d’être acclamée comme « la Lumière de l’Éthiopie ».
https://www.jeuneafrique.com/451777/societe/taytu-betul-chef-de-guerre-et-lumiere-de-lethiopie/


Les « Amazones du Dahomey », des femmes-soldats dans l’Afrique précoloniale
Dans l’ancien Royaume de Dahomey, aujourd’hui le Bénin, une armée de guerrières défie tous les clichés sur les femmes. Plus fortes et plus vaillantes que les hommes, elles ne reculent devant rien. Ni l’ennemi, ni la mort. Elles se nomment les Mino, les colons leur donnent le nom d’Amazones.
https://www.jeuneafrique.com/452511/culture/las-amazones-dahomey-armee-de-femmes-soldats-lafrique-pre-coloniale/


Miriam Makeba
Une militante anti-apartheid et panafricaine. Polyglotte, favorable à l’adoption d’une langue africaine commune ainsi qu’à l’unité africaine, elle est tout naturellement invitée, en mai 1963, à se produire lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine à Addis-Abeba. Le siège de l’OUA n’est pas le seul lieu symbolique d’où elle s’exprime : discours anti-apartheid au siège de l’ONU en juillet 1963, puis en 1975 et 1976 en tant que déléguée Guinéenne, festival panafricain d’Alger en 1969, concert à Kinshasa avant le « Combat du siècle » en 1974, ou encore à Ouagadougou en 1986 lors du troisième anniversaire de la Révolution Burkinabé. Elle refoule sa terre natale après 31 ans d’exil en décembre 1990 après la libération de Nelson Mandela. La diva au plus de 25 albums – aux sonorités diverses et variées – aura rendu dans ses chansons hommage à diverses panafricains : Jomo Kenyatta, Patrice Lumumba, Samora Machel et bien sur Sékou Touré. Retraité en 2005 mais reste toujours disponible pour soutenir des causes importantes.
https://www.jeuneafrique.com/370248/societe/jour-9-novembre-2008-miriam-makeba-donne-dernier-concert/

Pour revenir à un contexte plus local, échelle Cameroun et de cette génération, il y a de grands profils comme Dr Vera Songwe, Dr Wawo Guela, Dr Meka Esther, Adele Kamtchouang, Kate Fotso, Viviane Ondoua, qui sont de belles personnalités qui me façonnent au quotidien.

Quelle est la leçon de leadership qui vous a marquée au début de votre parcours ?


Tellement de lecons, mais je vais rester sur la centrale :
« Chaque matin en Afrique, une gazelle se réveille et sait qu’elle doit courir plus vite que le plus rapide des lions pour rester en vie. Chaque matin en Afrique, un lion se réveille et sait qu’il doit courir plus vite que la plus lente des gazelles pour ne pas mourir de faim. »
Il est à la fois simple, concrèt, métaphorique et fidèle à la réalité.

Parlons de l’écriture de ce dernier livre qui nous rassemblera ce 26 mars à 14h à la Fondation Tandeng Muna. Quel a été votre procédé d’écriture lors de la rédaction de ce livre ?


Principalement, mon expérience. J’estime que c’est une grâce d’avoir le parcours que j’ai et que ce serait bien de permettre à plus de monde d’avoir cette chance. Chaque leçon du livre comme vous le verrez, sera certes générique au départ, mais s’inscrit dans une logique hyper pratique de la vie de tous les jours, car ce sont des problèmes que nous rencontrons au quotidien. Parfois, on ne les identifie pas directement, ou alors on est trop affaibli pour avoir le recul de les aborder. Mais rappelez-vous : quand le jour se lève, il est temps de courir.

Votre mot de fin ?


Chère sœur, mère, fille, prends ta vie en main ! Quel que soit ce que tu as prévu de faire ce jour, commence le maintenant, car demain ne t’appartient pas et le monde a faim de tes réalisations.
Cher frère, papa, fils, le monde a besoin de toi, l’Afrique a besoin que tu te lèves pour elle et que tu coures pour la rendre meilleure.
A nous tous, je demanderais de « vivre comme si nous devons mourir demain et apprendre comme si nous devons vivre toujours. »

Propos recueillis par P.O.




Publié par ACOLITT

Lire des livres, délivre... +237690195126 / acolitterature@gmail.com

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