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Il a été lu… La faim ne justifie pas les moyens de Joseph MBARGA, auteur camerounais


Joseph MBARGA est un arracheur de masques. Il scrute les villes et les villages pour obtenir la matière de son œuvre. Et tel un secrétaire balzacien, il dresse le procès-verbal des scènes de vie de ses contemporains. Dans son ouvrage « La faim ne justifie pas les moyens », ed. Proximité, 2022, 60 pages, il recourt au genre de la nouvelle et propose à son lecteur un recueil de onze nouvelles à travers lesquelles, il révèle dans un registre satirique, le train-train des personnages résidant dans la ville de Tissoan Bèè et des villages environnants; personnages souvent compromis par les plaisirs de la table et très souvent désillusionnés par l’ironie du sort. Dès lors, pour comprendre comment se déploie le projet littéraire de Joseph MBARGA, abordons quelques clés thématiques de lecture, et ressortons par la suite les principaux traits caractéristiques de son style.

LES CLÉS THEMATIQUES DE L’ŒUVRE

Les récits qui composent ce recueil ont pour cadre spatial la ville de Tissoan Bèè et les villages environnants. Ce qui frappe à la première lecture de ce recueil c’est : l’omniprésence de la mentalité digestive, le dévoiement du service public et de la puissance publique, et l’ironie du sort qui désillusionne les habitants de Tissoan Bèè et environs.


L’omniprésence de la mentalité digestive
Le motif de la faim, explicitement ou implicitement, irrigue ce recueil. Dès la nouvelle liminaire, on voit bien que l’auteur perçoit l’univers de la table comme particulièrement fécond pour sa création littéraire. Ses personnages aiment bien avoir une cuillère ou bien un verre à la main. Les habitants de Tissoan bèè et environs aiment bien les plaisirs de la table, ils aiment s’enivrer de nourriture et de vin. Ces plaisirs de la table ne connaissent ni la classe sociale ni le niveau intellectuel. Au village, par exemple, dans la nouvelle « La chasse tourne au vinaigre », Zoa le braconnier dans sa conversation avec son fils Bouli explique la nécessité de savourer les plaisirs de la table. Il dit par exemple qu’ « il ne faut pas sous-estimer la capacité d’un bon bouillon à remettre les idées bien en place dans sa tête » Le bouillon censé résoudre a priori les problèmes du ventre résout aussi ceux de la tête, pp.50-51.

Le dévoiement du service public et de la puissance publique
Tissoan Bèè est une ville du tiers monde. C’est une capitale. Elle est dotée des institutions telles que la mairie, la sous-préfecture, l’université… Elle abrite aussi des instituions diplomatiques. Il s’agit donc probablement d’une capitale politique. Cependant, elle se caractérise par la misère et le désordre, et ressemble à plusieurs égards aux villages enclavés qui l’entourent.
La mairie qui est chargée d’aménager la ville pour faciliter la circulation et le bien-être ne réalise pas ce qu’on attend d’elle. Sur la route, comme cela est magistralement affirmé dans « Le coquin cocorico du coa », les automobilistes mènent « un combat acharné contre la route » L’université, quant à elle, chargée d’encadrer les futurs cadres, se trouve dans un état de délabrement et de vétusté avancée comme on peut le constater dans « Coup de théâtre à l’amphi ».

Comment fonctionnent les dirigeants et les agents publics à Tissoan Bèè ? Les dirigeants et les agents publics de Tissoan Bèè se prennent pour des citoyens extraordinaires qui doivent être servis et qui peuvent exiger par la force des services des autres citoyens. Le policier Endama ne se gêne pas pour spolier les taximen et les petits commerçants, pp.31-36.
Ils ont oublié que les fonctions qu’ils occupent ont pour objectifs de développer et de gérer le service public afin de satisfaire l’intérêt général; que la puissance publique dont ils sont détenteurs doit être utilisée dans l’intérêt général. Ils abusent ou tentent à chaque occasion d’abuser de leur autorité.

L’ironie du sort
Le quotidien des habitants de Tissoan bèè et environs est rythmé par l’ironie du sort. C’est comme si le dieu de la fatalité se moquait fatalement d’eux en ce sens qu’un fait inattendu et désagréable vient toujours troubler une situation qu’ils croyaient ou envisageaient sous contrôle. Lorsque le recteur prépare la visite de l’ambassadeur, il n’envisage pas la sortie du serpent anaconda qui va venir tout gâcher, détériorer sa relation avec l’ambassadeur, et ruiner sa carrière administrative. De même, le jeune Kala ne s’attend pas à subir une injustice le jour de son anniversaire. Il mobilise des artifices du langage pour se tirer des embrouilles, mais son sort est en réalité déjà scellé, pp. 54-55.
On peut tout de même faire un constat : si les artifices du langage prospèrent encore au village, espace où il y encore une certaine fascination à l’égard du savant, du sage et du rhéteur, en ville par contre, les gens semblent enragés et sont insensibles à toute forme de discours. On ne fait pas confiance aux orateurs. Peut-être parce que les populations, tout le temps, sont abusées par les politiciens. Ndimba, par exemple, voleur de sa propre nourriture et victime d’une chasse à l’homme parvient à se tirer d’affaire et à éviter le déshonneur grâce à la maîtrise du verbe et à la sensibilité des gens du village vis-à-vis du beau discours, p.42.


LES GRANDS TRAITS DE L’ECRITURE DE L’AUTEUR

L’auteur pense au plaisir de son lecteur. De ce fait, il s’appesantit beaucoup sur les jeux de langue, joue avec l’inattendu, et imprègne ses récits d’une atmosphère satirique.

Les jeux sur la langue porteurs de sens
Le recueil est traversé par le jeu sur les mots. Même les titres, qu’il s’agisse du titre du recueil ou ceux des nouvelles, on voit une volonté manifeste de l’auteur de jouer avec les mots en faisant un usage inhabituel de la langue, en recréant la langue, et partant, en renouvelant le regard que l’on porte sur le monde. Par exemple, le titre « La faim ne justifie pas les moyens » est une réécriture significative du dicton « La fin justifie les moyens ». Ces jeux sur les mots permettent de mieux communiquer sur le fond. Un autre exemple pris une fois de plus dans la nouvelle liminaire, « La faim ne justifie pas les moyens », l’atteste. L’auteur fait un jeu sur l’onomastique des personnages pour montrer à quel point les deux principaux protagonistes se ressemblent. Il va recourir à la technique de l’anagramme pour composer leurs noms « Abé » et « Eba ». Cette construction est assez révélatrice du fond exprimé dans la nouvelle, p.7.

La technique de l’inattendu dans la composition
Forme brève, la nouvelle se prête volontiers à des jeux de composition. Sa composition est soigneusement calculée pour produire chez le lecteur une émotion soudaine, un effet de surprise. Son dénouement (la chute) prend donc en général la forme d’un coup de théâtre.
A la lecture des différentes nouvelles qui composent le recueil, le travail fait sur la technique de l’inattendu de l’auteur est assez captivant. D’ailleurs, c’est par la maîtrise de la technique de l’inattendu qu’il parvient à construire l’univers de fatalité qui désillusionne ses personnages. Dans « Le sous-préfet n’était pas au courant », l’inattendu stoppe net l’élan autoritaire du chef de terre. En effet, alors que le sous-préfet s’apprête à martyriser les personnes qui lui tiennent tête, il tombe sur la note de son départ en retraite, p 21.
Dans « Coup de théâtre à l’amphi », on a le plaisir de voir comment un serpent anaconda rompt les espoirs du recteur qui attend les ordinateurs, p.24.

Le registre satirique
Le ton dominant dans l’ensemble des récits de ce recueil est satirique. l’auteur, par son humour et la maîtrise de la caricature, s’attaque aux vices et aux ridicules de ses personnages. Dans la Nouvelle « Qu’en pense Evou », le narrateur ridiculise Ndimba enseignant de philosophie. En effet, après avoir discouru sur la nécessité de renoncer à la mentalité digestive, Ndimba professeur de philosophie, est surpris dans la cuisine de la mère de sa promise en train de voler pour satisfaire son ventre; une nourriture qu’il venait pourtant de décliner, pp. 41-42.

Pour résumer…

Dans ce recueil de nouvelles, le narrateur raconte sous forme d’anecdotes la banalité de la vie de ses personnages urbains et ruraux, très souvent rythmée par des ironies du sort. Grâce au registre satirique et au travail sur la langue, l’auteur invite ses lecteurs à plus de mesure, de simplicité et d’authenticité. De la sorte, il réalise pour la nouvelle, le projet qu’Horace avait assigné à la comédie : « corriger les mœurs en riant ».


Louis Audrey OYIE

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Joseph MBARGA présente son recueil de nouvelles les mercredi, 22 mars à l’Institut français de Yaoundé et le 23 mars, à l’Institut français de Douala. Ce recueil coûte 2.500 FCFA et est indisponible dans plusieurs points physiques, et sur Amazon.


Il a été lu : Aveuglée : La ruine de Mandy de Lamenu Tedjou, auteur camerounais


LAMENU TEDJOU a presque 40 ans lorsque paraît en 2022, aux Editions Afrédit, «Aveuglée : La ruine de Mandy», son premier roman. A 40 ans, on peut prétendre observer et raconter avec du recul la vie, en l’occurrence celle d’une adolescente. Dans cet opuscule de 247 pages et articulé sur 16 chapitres, l’auteur offre à son lecteur un roman d’apprentissage qui met en scène le drame de Mandy Etamé, une adolescente en quête de soi. Mandy, élève en classe de terminale dans un internat, souffre d’un vide émotionnel causé par l’incompréhension de son père. Elle se retrouve dans les bras de son coach de gym et mentor M. Roga, un homme de 40 ans, marié et père de plusieurs enfants; croyant trouver en lui un père aimant. Elle finit par tomber follement amoureuse de lui sans se douter que ce dernier, maître dans l’art de la manipulation, avait un agenda caché. Dès lors, pour mieux comprendre comment se déploie le projet romanesque de LAMENU TEDJOU, intéressons-nous de façon plus détaillée à l’intrigue, et aux clés de lecture.

La quête de soi de Mandy

Dès l’incipit du roman, le narrateur rentre dans le paysage intérieur de Mandy, la jeune pensionnaire de l’internat « Fer de lance », et on découvre que la jeune fille se pose des questions sur son existence. Elle a constamment l’air pensive et suscite même la curiosité de ses camarades de classe qui la trouve bizarre. A cet internat, elle occupe ses heures libres avec du sport, la danse ou encore, comme on peut le lire à la page 20, elle écoute « beaucoup la musique méditative et projective », car « au fond de son âme, elle cherchait le sens de la vie. Elle avait parfois l’impression que la vie était plate et vide

L’incompréhension de son père

Les questions que Mandy Etamé se pose sur la vie ne semblent pas attirer l’attention de ses parents, notamment de son père, qu’elle a l’occasion de voir quelques fois. M. Etamé, homme d’affaires, n’est presque jamais présent à la maison. Très souvent, il prend part à des rendez-vous d’affaires qui trainent. Du coup, il ne s’aperçoit pas du vide intérieur que traverse sa fille en crise d’adolescence.
Malgré la passion de Mandy pour la gymnastique, l’univers dans lequel elle semble se retrouver et s’épanouir, son père va lui interdire toute pratique du sport. Quand elle va lui annoncer son désir de devenir une championne, c’est avec colère qu’il va lui opposer sa désapprobation : « Quoi !? Championne de quoi ?? Il faut me laisser les bêtises que tu regardes à la télé hein ! Ta priorité c’est ton baccalauréat point barre, il n’y a pas rien d’autre. Donc tu m’arrêtes ton délire et à la place de ce désordre tu prends tes cahiers et tes livres. C’est bien compris ? Est-ce que c’est bien compris ? » Son désir est qu’elle soit avocate. Même si après, grâce à l’intervention de ses éducateurs de l’internat, M. Etamé va accepter que sa fille fasse du sport, il va toutefois lui interdire toute compétition en dehors de son établissement scolaire. Cette interdiction sera cependant bravée du fait de la manipulation de M. Roga, mentor et amant de Mandy.

L’aveuglement de son mentor

Le contact décisif entre Mandy et M. Roga se noue un soir après les entraînements. Elle va pour la première fois lui parler de ses problèmes personnels. En effet, alors que les entraînements étaient arrivés à leur terme, Mandy, pour éviter la compagnie de ses camarades, resta au gymnase et feigna des étirements. Son coach lui ordonna de partir en même temps que les autres, la jeune fille se sentit incomprise par tout le monde et tomba en sanglot. M. Roga se montra sensible à sa peine et l’amena à lui parler de ce qui la faisait souffrir. Elle lui fit part du manque d’affection de son père. Il se proposa de lui apporter lui-même un accompagnement psychologique. Elle crut trouver en lui un père aimant.
Conscient de son talent et de ses aptitudes dans le sport, il entreprit de faire d’elle une championne, et pour cela, il lui donna un livre et deux DVD dont le contenu devait participer à son développement personnel. Mais surtout, il lui fit comprendre qu’il fallait qu’elle devienne une femme, qu’il fallait qu’elle se donne à lui, et qu’elle devienne sa femme, lui, le seul à savoir ce qu’il fallait pour faire d’elle une championne. Il lui prit sa virginité, un soir, chez elle, dans sa chambre, dans la maison de ses parents, et à même le sol. Après cette première fois, ils firent très souvent l’amour à la demande de sa pouline, dans le gymnase. Elle tomba enceinte. C’était le dessein de M. Roga. Sa grossesse devait augmenter de façon naturelle ses performances aux jeux scolaires africains, jeux auxquels M. Roga la fit participer frauduleusement, à l’insu de ses parents.
Les jeux scolaires africains d’Abidjan vont bien se dérouler, la petite va remporter toutes les médailles à la grande joie, contre toute attente, de ses parents. M. Roga et Mandy étaient excusés.
Cependant, la joie et le ravissement seront de courte durée : Mandy, follement amoureuse de M. Roga, veut continuer la relation et conserver la grossesse, mettre au monde Leur enfant; malheureusement, il estime avoir achevé sa mission avec elle et lui exhorte de se débarrasser de cette grossesse en pratiquant une IVG pour s’éviter des problèmes. Un soir, après lui avoir tenu des propos extrêmement blessants, dégradants et humiliants par message vocal, la jeune fille fait un malaise, s’ensuivra une fausse couche, qui permettra la découverte de toute son histoire avec M. Roga et la mise aux arrêts de ce dernier. Grâce à la dextérité de son avocat et l’aide de Mandy, il évitera une condamnation en justice.

La résilience de Mandy

La jeune Mandy, résiliente, va survivre à son drame et se reconstruire. Son premier amour lui a brisé le cœur et l’a laissé en miettes; elle a perdu l’enfant qu’elle souhaitait garder par amour. Mais avec l’aide de sa mère, elle décide d’être forte, d’aller de l’avant, de continuer le sport, ses études et de redécouvrir l’amour.

CLES DE LECTURE

Ce roman met en perspective la complexité de l’existence humaine et des rapports humains. De ce fait, quelques thèmes importants méritent d’être abordés à savoir la quête de soi, le jeu des apparences et la morale conséquentialiste.

– La quête de soi chez l’adolescent :
A un moment de la vie, on se pose forcément des questions sur soi-même, on se cherche et se pose des questions existentielles du genre : Qui suis-je ? Quelle est ma place dans ce monde ? Que dois-je faire ? La vie a-t-elle un sens ? Quel est le sens de la vie ? Si on n’a pas de réponse à ces questions, on peut ressentir un vide existentiel. Et à ce vide existentiel, si on a l’impression d’être incompris, un vide émotionnel.
La jeune adolescente qui se cherche sur le plan existentiel a besoin de son père pour être en sécurité émotionnellement. L’absence du père ou l’incompréhension du père peut causer une angoisse qu’elle va chercher à soigner dans les bras d’un autre homme qui va lui prêter attention. Or, les hommes matures très souvent rencontrés dans le milieu éducatif profitent souvent des problèmes de ces adolescentes, les séduisent pour abuser d’elles. Et les jeunes filles comblent le vide qu’elles ressentent par le sexe ou l’amour charnel.
Dans le roman, on voit bien que la jeune Mandy Etamé croit au départ trouver en son éducateur un père aimant. Or, il va la fasciner, l’aider à mieux s’affirmer, pour qu’elle soit à sa merci.

Le caractère trompeur des apparences en société :
Dans ce roman, on déduit qu’il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Le plus souvent, les hommes montrent ce qu’ils ne sont pas ou encore laissent triompher une image erronée de ce qu’ils sont en réalité. Ils tiennent plus à leurs apparences qu’à leurs êtres réels. La manière qu’ils apparaissent dans l’espace public est toujours liée à un calcul. Et dans ce jeu des apparences, tout le monde est le dupe de tout le monde.
En effet, si on considère par exemple la famille Etamé, notamment M. Etamé, il donne l’impression d’être un homme droit et juste alors qu’il est un falsificateur et un corrupteur. L’homme d’affaires et son épouse falsifièrent l’âge de leur fille, Mandy Etamé, ils baissèrent son âge de deux ans, de sorte que lorsqu’il attaqua M. Roga en justice pour détournement de mineur, il assura de droit la représentation de sa fille, officiellement âgée de 16 ans.
Par ailleurs, Mandy, bien qu’ayant personnellement renoncé à ses médailles, ne rendit pas publique son histoire pour ne pas perdre l’image que les jeunes avaient d’elle : on la prenait pour modèle. La justice s’était arrangé avec la presse pour qu’elle raconte une version qui n’avait rien à voir avec la vérité : il ne fallait pas perdre la face.

– Le triomphe de la morale conséquentialiste dans les rapports humains
En matière de morale, il existe deux grands systèmes : la morale déontologique et la morale conséquentialiste. Pour la morale conséquentialiste, une action est moralement juste ou bonne si les résultats recherchés sont atteints. De ce point de vue, les moyens importent peu, seuls les résultats comptent. C’est tout le contraire de la morale déontologique.
L’auteur montre que les rapports sociaux sont essentiellement guidés par la logique de l’intérêt, du résultat. Dans ce roman, pour réaliser des performances avec sa pouline, le coach Roga va user de la manipulation et de la tricherie, en violant non seulement l’éthique de sa profession d’éducateur, mais en violant aussi l’éthique du sport en recourant à une méthode de dopage naturel « la théorie russe », d’après laquelle les hormones en hyper production et activité favorisent chez la sujette enceinte une puissance physique et psychique au-dessus de celle de ses adversaires. Cette théorie lors du jugement de M. Roga va positivement impressionner le juge. Ce qui compte pour M. Roga, ce sont les résultats, de les moyens importent peu.
Le plan de M. Roga fonctionne à merveille parce que la jeune adolescente est à sa merci, du fait de la distance qui existe entre elle et son père et du potentiel de la jeune fille qu’il avait dès le premier regard décelé.  Le narrateur le présente comme un passionné de sport mais en réalité M. Roga c’est un passionné de victoires. Il est donc clair qu’il n’est pas amoureux de la jeune femme, ce qui l’intéresse ce sont les exploits sportifs qu’elle peut réaliser sous sa supervision. D’ailleurs, dès le début du roman, lorsqu’il la voit pour la première fois, son potentiel d’athlète tape dans son œil. Il décela une cible sur laquelle il va mettre en application sa théorie.

LA TYPOLOGIE DU ROMAN

Ce roman de LAMENU TEDJOU présente les caractéristiques du roman traditionnel et du roman d’apprentissage.


– Un roman traditionnel :
Dans son œuvre, LAMENU TEDJOU s’est conformé aux règles du roman traditionnel. Tout d’abord, il s’est attelé à mettre en scène des personnages en cherchant à leur donner une existence réelle à partir d’un état civil et d’une description physique et psychologique. De ce fait, le lecteur n’a pas besoin des actions pour saisir ce que sont les personnages, puisque ceux-ci ne se révèlent pas tant que ça à partir de leurs actions. Ils sont suffisamment décrits à la troisième personne par un narrateur omniscient. Si on considère par exemple l’héroïne, elle a un nom construit tel que les noms sont construits au Cameroun, elle est élève en classe de terminale, l’aînée d’une famille de trois enfants, son caractère est très bien exposé par le narrateur, notamment au chapitre premier, même s’il évolue au cours de l’intrigue.
Ensuite, l’auteur crée l’illusion du réel à travers le réalisme langagier : les expressions telles que « bana loba » (P79) ou encore les interjections telles que « ooooko ! » qui se réfèrent au Cameroun; le réalisme spatial avec les villes telles que Douala, Abidjan qui sont bel et bien réelles.
Enfin, l’auteur a construit un récit simple avec une unité d’actions sur la ruine de Mandy, et une action centrée sur le personnage Mandy Etamé dont le nom apparaît dès la première page. Il est de ce fait aisé de ressortir le schéma narratif.


– Un roman d’apprentissage :
Encore appelé roman de formation ou d’éducation, le roman d’apprentissage est un roman qui décrit la maturation d’un héros. Il démarre naïf, se confronte aux expériences et aux épreuves de la vie qui l’aident à mûrir. Le héros découvre les grands évènements de l’existence à l’instar de la mort, de l’amour, du sexe, la trahison, la déception. Il se forge au terme du processus une conception de la vie. Le roman d’apprentissage rompt de ce fait avec la fonction première du roman qui est de de transporter le lecteur dans un monde onirique.
Ce roman présente les caractères du roman d’apprentissage dans la mesure où on a d’abord une héroïne qui fait face au monde et a le sentiment d’être incomprise – elle fera des expériences qui vont l’amener à découvrir le monde et à devenir une « femme » notamment par l’intermédiaire de son mentor. Il va lui apprendre la discipline qui va lui permettre de s’affirmer dans le sport, la résilience mais surtout le sexe. Le jour où il lui prit sa virginité dans la maison de ses parents, quelques heures après, Mandy retourna à l’internat et alla le retrouver à la salle de gymnastique où elle lui fit comprendre que « l’amour était un peu trop furtif tout à l’heure à la maison, et qu’elle en voulait encore. M. Roga écarquilla les yeux. Mandy lui prit la main de sang-froid et l’entraîna dans une pièce attenante contenant du matériel. Ils y firent de nouveau l’amour, intensément, pendant une vingtaine de minutes. Mandy se rhabilla et laissa là M. Roga. » (P100). Il sera l’auteur de sa transformation et de ses dérapages. Et c’est elle qui finira par lui sauver la peau. Malgré la déception et la désolation qu’elle va connaître, grâce à sa résilience, elle va parvenir à se réconcilier avec le monde, et y prendre place, aimer et être heureuse.

En somme

A travers ce roman d’apprentissage, l’auteur démontre que la morale conséquentialiste qui règne dans les rapports sociaux expose les plus naïfs à l’exploitation, la désillusion et la désolation. L’adolescence est une période de transition extrêmement délicate, où l’on se pose beaucoup de questions sur soi, où on vit beaucoup de changements sur soi. Les parents ne peuvent pas se permettre d’éviter et d’éluder les questions existentielles que se posent leurs enfants. Lorsqu’ils laissent un vide émotionnel, des individus aux agendas cachés viendront en profiter. L’adolescent a besoin d’être rassuré et considéré prioritairement par ses parents, qui doivent être ses premiers mentors.

Audrey OYIE

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Victor BAGORO, auteur burkinabè mais encore ?

Auteur de «Le journal d’un émigré» mais aussi…

Victor BAGORO est né le 18 Mai 1986 dans la maternité de Marcory en Côte-d’Ivoire. A l’âge de six ans, il rentre au Burkina Faso, son pays  d’origine. Il fait tout son cursus primaire à l’école Goundi B, dans son village.  Et ses études secondaires à  Réo, un département de la région du centre Ouest burkinabè.

En classe de troisième, il perd son père. La vie devient difficile. Les difficultés à verser les frais de scolarité se font grandissantes. Ce qui a pour conséquence l’échec à son examen.

Après deux années blanches, il décide de quitter le Burkina Faso pour le Sénégal. En fin mars 2008, il s’installe à Dakar. En 2009, il se rend dans la région de Fatick, où, en tant que candidat libre, il réussit à l’examen du BEFEM la même année. L’année d’après, il s’inscrit en classe de seconde, et en 2011, en classe de première. De retour à Dakar. Il s’inscrit en classe de terminale et obtient son baccalauréat.

Après la classe de terminale, Victor BAGORO opte pour une formation en DTS Hôtelière. Et depuis 2015, il est chef cuisinier dans  une société au Sénégal.

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Littérature : Quand les racines chantent…


Le livre en bref…

Quand elle apprend que son corps ne présente plus la moindre trace d’utérus, car il a disparu d’une façon qui laisse le personnel médical perplexe, Jasmine Yondo, une juriste très courtisée voit son monde s’écrouler et sombrer dans le chaos. Avec l’aide de l’abbé Martin Samnick, elle réalise, grâce à ses méditations, que seul un retour à Bonendalè, sa terre natale, va permettre de comprendre ce qui se passe.
Dooh la Mudi, Janéa, est un chef traditionnel respecté pour sa puissance et son bon sens. Entre l’abbé Martin et lui, naît une fraternité au bout d’une rude mise à épreuve parsemée de joutes entre les pratiques rituelles traditionnelles et les méthodes chrétiennes. Dans cet univers trouble, où la malédiction frappe une même famille de génération en génération depuis la création de Bonendalè, Jasmine se retrouve projetée dans un passé tortueux et douloureux.


Le chemin vers le rachat de toute une lignée de femmes fortes mais oubliées du bonheur, entraîne Jasmine vers trois nuits entre les forêts où siègent les morts, les eaux porteuses d’esprits en furie et les souvenirs révélateurs d’un secret lourd et déchirant.
Si Jasmine commence à vivre et ressentir le poids des multiples humiliations des femmes dont elle est la descendante, elle revit aussi son propre passé, ces péripéties qui ne lui ont pas laissé la moindre chance d’avoir une vie d’adulte libre et épanouie ; elle en conclut qu’elle est maudite.


Abandonnée de tous, elle trouve refuge dans la foi et surtout grâce à l’abbé Martin Samnick qui, lui aussi, connaît des épreuves lourdes et embarrassantes au sein du clergé à cause de sa passion débordante pour la foi et l’honnêteté. C’est lui qui va intercéder auprès des gardiens de la tradition Bonendalè, afin qu’il lui soit permis de marcher sur le chemin de la rédemption et affronter à la fois ses peurs et celles de toutes les femmes qui l’ont précédée dans cette lignée.


Les batailles se multiplient pour une guerre dont tout le monde se demande si elle verra l’issue. Et si jamais elle y parvient, l’état dans lequel elle sera semble la préoccupation du puissant Janéa et de son irréductible nouveau frère, Sango Pata, l’abbé Martin. La venue de Jasmine à Bonendalè soulève des passions parfois très noires, et les combats spirituels font rage. Il n’est plus possible de faire marche arrière et avancer devient de moins en moins évident, car la démarche entreprise par Jasmine menace un ordre établi depuis des ères que la jeune juriste défigurée et amaigrie ne soupçonne même pas.


Les points de vue entre Janéa et Sango Pata continuent de diverger, mais sans animosité désormais, chacun découvrant l’authenticité des valeurs prônées par l’autre. Toutefois, de lourds secrets demeurent entre eux et les maintiennent en état d’alerte. Le temps ne joue pas en leur faveur, car celui de Jasmine s’amenuise au fil des épreuves.


Aidée de son inébranlable foi, Jasmine va donner jusqu’à sa dignité pour espérer trouver des réponses à la série de malheurs qui s’est abattue sur elle, drainant d’autres encore plus lourds et intenses. La voie de sa rédemption semble ne porter aucune lumière, pourtant…


Ray NDÉBI


LITTÉRATURE : Qui est l’auteure Danielle EYANGO ?


Danielle Eyango est une romancière et poétesse camerounaise installée à Douala.
Son premier ouvrage, «Kotto Bass : Comme un oiseau en plein envol», est un roman qui raconte les visites étranges que lui rend l’esprit de son oncle, le célèbre chanteur et musicien camerounais nommé Kotto Bass, alors décédé brutalement quatre ans plus tôt, la veille d’une tournée internationale.

Paru en 2012, ce roman est le premier pas vers sa rencontre avec la plume.
En 2020, par les éditions de Midi au Cameroun, elle offre au public «Le parfum de ma mère», un recueil de poésie illustré par des tableaux de peinture, et puisé dans la profonde Nuit dans laquelle sa Muse l’entraîne.

Le poème dont le recueil porte le titre a été auparavant primé lors d’un concours, par la Société des Poètes et Artistes du Cameroun.
En 2021, elle fait partie d’un collectif d’écrivaines avec le Dr. Sophie Yap, le Dr. Chantal Bonono et Sandy Nyangha qui, sous la houlette de la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, s’insurgent contre l’horrible assassinat des jeunes élèves à Kumba, une ville du Cameroun. Le recueil bilingue «Kumba ! The Innocent’s Blood/ Kumba ! Le sang des innocents» a été publié aux éditions Proximité.



Elle a entrepris de narrer la véritable histoire de Rudolph Duala Manga Bell à travers une série littéraire dont les différents épisodes sont lus et suivis à forte audience sur sa page facebook.

Ce mois de février (2023), son nouveau roman, «Quand les racines chantent», a paru aux Éditions AfricAvenir, une maison d’édition au Cameroun. Il sera présenté au public le 04 mars 2023 au siège de la Fondation AfricAvenir International à Douala.



L’univers de Danielle EYANGO est marqué par la musicalité orale à la fois poétique et mélancolique, propre à la tradition du peuple Duala dont elle est issue.
Elle travaille à la promotion de ce qu’elle a baptisé « lithérapie » dans les établissements scolaires ; dénomination octroyée au processus de guérison intérieure via la littérature. Danielle EYANGO croit fermement que la littérature peut nous sauver de nos démons intérieurs.

Dans ses ateliers, elle travaille également à l’amélioration des conditions d’écriture et de lecture, et l’éveil des vocations littéraires chez les jeunes.
Présidente de la Fondation Kotto Bass, créée en 2015 en hommage à son défunt oncle, Danielle Eyango met ses ressources au service des enfants handicapés, des démunis et des jeunes femmes vulnérables, ainsi que des familles démunies suite à la crise anglophone qui sévit au Cameroun.



P.O. pour Linelitt et les arts



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CAMEROUN – PMEXCHANGE : Le Forum International de la PME


Les artisans du Made in Cameroon dans les filières transport, agro-industrie, économie numérique, Finances se donnent rendez-vous à Douala à l’hôtel Sawa du 11 au 15 Mars 2023, pour la 5ème édition du Forum International de la PME : PMEXCHANGE.

Cette édition est placée sous le Haut  Patronage du Premier Ministre, chef du Gouvernement, avec la présence du ministre des petites et moyennes entreprises et de l’economie sociale et de l’artisanat.


PMEXCHANGE 5ème édition est une plateforme d’affaires 100% hybride pour renforcer le tissu industriel camerounais grâce à des PME/PMI plus innovantes, mieux structurées et des accompagnements ciblés.
Les entrepreneurs de la Diaspora peuvent souscrire au PMEXCHANGE VIRTUAL ACCESS par le lien http://www.pmexchange.cm pour valoriser le savoir-faire camerounais et réserver des rendez-vous B to B en ligne avec des futurs partenaires basés au Cameroun.

Au programme, des journées thématiques avec des pannels d’experts, des expositions et des rencontres BtoB.  Il est encore temps de réserver son stand. Contacts : 697059099 / 651611318



Linelitt et les arts

Les 5 questions posées à Waly NDOUR, promoteur des Éditions SEGUIMA (Sénégal)

Nous commençons l’année 2023 avec une grande figure de la littérature actuelle au Sénégal et en Afrique, monsieur Waly Ndour.

Qui est-il ? Pourquoi a-t-il mis SEGUIMA sur pied? Ses conseils à l’endroit des jeunes éditeurs et ses propositions pour la littérature en Afrique. Un zoom sur la librairie qui porte le même nom. Et en bonus, un tour sur le dernier appel à textes. Waly NDOUR se confie à notre équipe.

Partie 1
Partie 2

Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7


Vous souhaitez un espace publicitaire comme celle à la fin de cette vidéo (partie 7)? Contactez-nous par mail à acolitterature@gmail.com



Linelitt et les arts


SALON DU LIVRE AFRICAIN POUR ENFANTS DE YAOUNDÉ (SALAFEY), édition 1


Le Salon du Livre Africain pour Enfants de Yaoundé (SALAFEY) se précise de plus en plus.

L’une des activités de ce salon étant la mise sur pied d’un concours, l’équipe de coachs et des encadreurs ont joint leurs bras pour la formation des candidats aux concours de dessin, lecture et écriture. Cette initiative s’est dessinée à la bibliothèque jeunesse de l’Institut Goethe du Cameroun, à Yaoundé.

Pour immortaliser ces instants, l’équipe Linelitt’ et les arts a recueilli les sentiments des coachs et encadreurs après les ateliers avec les enfants. Disponible dans ces vidéos et à consommer sans modération.

PARTIE 1
PARTIE 2

Pour rappel, le Salon du Livre Africain pour Enfants de Yaoundé (SALAFEY) se tiendra du 16 au 18 décembre 2022 de 9h à 18h, au musée national et à la Fondation Tandeng Muna. Plusieurs activités sont prévues pour meubler ces trois jours. L’accès au village du SALAFEY sera totalement gratuit.

Parents, responsables d’établissements scolaires ou autres institutions, n’hésitez pas à vivre ces moments avec les enfants.

Vous avez encore la possibilité d’être le sponsor d’un des prix qui seront remis ce 18 décembre 2022 aux lauréats.



Linelitt’et les arts

Il a été lu : Anthiou: Destin de femme de Peh de Geo, auteur sénégalais.



Anthiou, l’héroïne de Séguima

Victime de l’amour…

Si on avait dit à Anthiou NADO que sa vie serait un virage abrupt de 180°, elle en aurait ri, j’en suis sûre. Elle n’avait commis qu’une seule erreur : celle d’avoir aimé.
Une bastonnade infligée par Yuusu, son mari, deux, dix, des fois incomptables, et c’en était trop ! Elle n’en pouvait plus. Mais Témédi devait comprendre, plus grande, ce qui avait été son parcours. Oui, les enfants aiment juger leurs parents parfois, n’est-ce pas ? Témédi, saura… Il fallait qu’elle sache.

«Anthiou : Destin de femmes», c’est le journal intime de la personne qui porte le même prénom – Anthiou – et qui a réveillé la muse de Peh de Geo. Une muse bien sensible. Lire un document appartenant à la reine du grand dépotoir de Boowal et en faire un livre édité et réédité même, il fallait le faire. Et heurement  d’ailleurs…


Anthiou est une preuve des vicissitudes liées au rejet et la maltraitance familiale. Une tragédie qui, peut-être, ne serait pas arrivée si Anthiou avait connu l’amour et la compréhension des siens : Yuusu, ses parents, sa belle-famille, l’amour de sa vie… Bunka. « Tu sais, ma fille, il n’y a pas plus grand bonheur que de se trouver, « haleine pour haleine », avec la personne que l’on aime même si on ne se dit mot. Mais il n’y a pas plus atroce supplice que de devoir vivre comme narine et fesse avec qui l’on n’aime pas. » P.15. Oui, elle a aimé, mais victime de l’amour, elle a toujours été. Est-ce parce qu’elle était par essence une «forte tête» ou parce qu’elle avait connu les joies de l’entrejambe avant le mariage ? Toujours est-il que d’amour, elle en avait besoin. Et par amour, elle est partie, elle a abandonné son foyer ; Témédi allait comprendre grâce à cette longue lettre presque journalière qu’elle lui servait.

Ce besoin d’amour va revenir à la surface chaque fois avec force et méfiance – Anthiou a horreur des gestes qui lui font se sentir comme une femme-objet. Vous voulez son cœur, allez-y à sa conquête et affrontez avec elle ses peurs et ses joies.
Dans sa quête du bonheur, elle rencontre Naamusoo, une femme âgée qui cache bien son jeu et qui mène une sombre activité avec son robuste de fils, Mbay, le désormais grand frère et protecteur d’Anthiou. A Malodugu, elle vit en harmonie avec cette famille. Bulgëm n’existe plus. Finies la bastonnade, la médisance, la peur… Anthiou se sent bien. C’était sans compter sur son amour débordant et sur son besoin d’amour… Aimait-elle réellement son grand frère Mbay ? On ne saurait réellement le dire. Elle-même ne le savait pas. Et malheureusement, ce soir là où elle était juste sortie avec lui pour s’amuser, son destin a pris un autre tournant : deux aimants qui s’attirent, une Anthiou saoule et horrifiée, un aimant agacé et en colère, et la voilà écrouée sans jugement. Cet amour, Anthiou, il t’aura fait voir de toutes les couleurs!

Anthiou aimait, oui, mais plus d’une cinquantaine de jours, c’en était trop pour son amour dans cette geôle mal famée comme la majorité des geôles en Afrique. A cause de qui était-elle d’ailleurs là ? A cause d’une personne qui jugeait Dieu de lui avoir donné cet entrejambe-là ? Qu’avait-elle fait de mal si ce n’était vouloir arracher son robuste de grand frère, Mbay, des mains de cet indécis physique ? Il fallait qu’elle sorte de là. Elle n’aimait pas cet endroit. Justice devait être rendue. A Seguima, la justice était faite pour certaines personnes et au détriment de la majorité. Une justice juste pour ceux qui la trituraient à leur manière. « Tu te rends compte ! Il y a des prisonnières qui sont là depuis des années et qui attendent d’être jugées. Ce n’est pas juste. Si la justice devient elle-même injuste, que faire ? La combattre ? L’interpeller ? La traîner devant le tribunal divin ? » P.75. Que faisait-elle là sans avoir été jugée ? Que lui reprochait-on ? Prostitution et… Non, Témédi ne devait pas penser un seul instant que sa mère fût du genre.

De reine de justice à reine des immondices

«Le bonheur de l’homme engendre celui de la femme. Si la femme veut être indépendante, pourquoi cherche-t-elle ou accepte-t-elle qu’on la donne en mariage à un homme ? On n’a jamais donné un homme en mariage à une femme. » P.67. Malgré les sévices de son premier mari, Yuusu, Anthiou est restée femme à chouchouter son homme. L’extrême féminisme et tout ce qui s’y rapproche ne faisaient pas partie de ses aspirations. Son bonheur, elle le ressentait si son homme était heureux. Et Ansoumane, le juge qui la fera sortir de prison, l’était… Il l’était tellement qu’il l’épousa en secondes noces, malgré son premier acte sous régime monogamique.
Il la traitait comme une reine. Il était son roi. L’union entre un homme et une femme pouvait donc être faite de quiétude, de rires, de rêves ? Le savait-on à Bulgëm ? Pourquoi d’ailleurs maltraiter l’être qu’on a juré devant Dieu et devant les hommes aimer et chérir jusqu’à la fin des temps ?

Ansoumane était le prototype du jeune panafricain : fort dans ses idées, prêt à défendre haut et fort les intérêts des Séguimalais, prêt à sacrifier son bonheur pour la minorité… Un bel exemple d’ailleurs pour Anthiou qui, après le virage malheureux que va connaître son mariage avec Ansoumane, va devenir l’héroïne des couches dites minoritaires à travers des ONG et auprès d’autres femmes très engagées dans la lutte pour l’égalité sociale; un combat décrié par les jadis détenteurs du pouvoir ; un espoir pour ceux qui ne se sentaient plus humains.

Que s’est-il passé ce soir-là où Anthiou n’a plus jamais écrit ? Témédi, nous aussi, nous nous posons cette question. Mais, Témédi, ta mère, Anthiou, est libre. Oui, elle est libre.



Mon expérience de lecture

Lire les 231 pages de «Anthiou : Destin de femme» paru aux Éditions SEGUIMA au Sénégal fait partie de ces expériences qu’on n’oublie pas. On a souvent tendance a pensé que les choses vont mal seulement chez soi ou pour soi… Voici une lecture qui remet en question. Non pas qu’il ne faut pas se plaindre, mais il faut cultiver, et c’est très important, cette résilience dont Anthiou a fait preuve dans tout son récit. Peh de Geo met en lumière, et avec une subtilité incroyable, des vices et des fléaux qui minent la majorité des pays africains ou du moins restent dans la case «TABOU» : l’absence de justice, l’homosexualité, les violences conjugales, l’insalubrité, la non reconnaissance des héros et héroïnes, les relations parents-enfants et la protection de la famille, la consommation et la vente des stupéfiants, et au-delà de tout, l’amour sous diverses formes.

Le pouvoir de la femme est mis en exergue. On se demande même pourquoi on dit que la femme est le sexe faible… Ce texte nous montre clairement que : c’est la femme qui rend l’homme heureux; c’est la femme qui par son soutien donne une belle harmonie dans l’existence de l’homme; c’est la femme qui fait bouger à un pic supérieur les lignes à Séguima; c’est la femme qui, par sa méchanceté, met à feu et à sang un mariage (à l’exemple des belles-sœurs d’Anthiou : «Les deux sœurs de ton père avaient certainement allumé le feu qu’elles n’arrêtaient pas d’activer.» P.16); c’est la femme qui est en partie la cause de la manipulation de la justice à Séguima, etc.

Entre quelques coquilles, j’ai accompagné Anthiou dans ses combats journaliers, j’étais avec elle chaque fois qu’elle écrivait à sa petite Témédi. J’étais son témoin, impuissante face à ce qu’elle subissait comme revers.

Peh de Geo a certes retouché des phrases pour que tout ceci soit cohérent et mieux lisible – une belle initiative. Toutefois, et connaissant son combat panafricaniste, on ressent bien son implication personnelle dans les séquences mettant en exergue les problèmes sociaux et économiques de Séguima, de l’Afrique. J’avais donc l’impression d’être spectatrice, comme Anthiou, de cette coulée d’encre Peh de Geoenne. On pourrait peut-être imputer cela au fait qu’il flirtait pour la première fois avec la plume…

Merci à Peh de Geo de m’avoir fait connaître Anthiou, l’héroïne de Seguima. Peut-être la verrais-je de mon œil un jour, pour l’instant, je lui souhaite de jouir de sa liberté, du haut de son trône.



Pauline M.N. ONGONO



ESPACE PUB

Le Salon du Livre Africain pour Enfants de Yaoundé (SALAFEY) se déroulera du 16 au 18 décembre 2022. Vous pouvez encore rejoindre ce projet comme partenaires ou sponsors. Contacts pour plus d’informations : +237690195126 | acolitterature@gmail.com



Les 5 questions posées à OBYC, illustrateur et auteur de bandes dessinées camerounais.



Bonjour. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Bonjour à toutes et à tous. Je m’appelle OFFONO BELLA Yannick Cyrille mais mon nom de plume est OBYC, illustrateur et auteur de bandes dessinées.

Votre domaine d’exercice est la Bande dessinée. Racontez-nous votre histoire d’amour avec cette branche des arts.

Mon intérêt pour la bande dessinées a commerce en 2009, j’étais en classe de CM2. Déja passionné par les dessins animés à l’époque, un camarade de classe est arrivé un beau matin avec une bande dessinée réalisée par lui. Après lecture de celle-ci, je fus conquis par son travail, et le week-end qui suivit, j’entrepris la création de ma première bande dessinée dont le nom me revient encore “FRÈRE CONTRE FRÈRE”. Je l’ai dessinée jusqu’en classe de cinquième. En 2011. Malheureusement, j’ai perdu les dessins de cette bande dessinée.

Cette même année, j’avais aussi dessiné une BD intitulée “ROBOT NUL”. Mon inspiration à cette période était principalement “DRAGON BALL”, “DRAGON BALL Z” et “DRAGON BALL GT” de Akira TORIYAMA, qui axait mes histoires plus sur le combat. Le déclic se produisit en 2013, en classe de troisième, quand la chaîne de télévision Manga diffusa pour la première fois l’anime “CODE GEASS”, réalisation du studio CLAMP.
Après deux saisons et 50 épisodes, CODE GEASS m’a fait découvrir un autre univers, par le travail et la profondeur de son scenario, la psychologie de ses personnages si louables et attachants, des idéologies auxquelles qu’on serait prêt à defendre, car on s’y retrouve tous d’une certaine manière; le tout dans un environnement vivant et captivant mais aussi stressant, car tout pouvait y arriver en bien comme en mal. Dès lors, je me suis remis au travail, non seulement pour travailler mon dessin mais aussi mon scénario.

En 2014, alors que j’étais en classe de seconde C, j’ai fait la rencontre de mon partenaire de dessin et grand ami ASSONNA NGUIMGO Jean René, année qui verra germé de mon esprit une histoire que j’avais alors intitulée “EURAPHONE”. Cette BD racontait l’histoire «des Hommes qui avaient reçu divers pouvoirs d’un séraphin s’étant sacrifié pour les sauver d’un démon». J’y ai travaillé jusqu’en classe de terminale en 2016 où après mon Bac, Jean René et moi avons pris la décision de créer un collectif d’auteurs : BDSTARS 237.

En décembre 2016, je m’étais rendu pour la première fois au  »Mboa BD Festival ». J’ai montré mon travail à de grands noms de la BD au Cameroun. Je me suis fait violement refoulé. De retour chez moi, totalement déprimé, je me suis remis au travail pour parfaire mon dessin. Cette décision a été un vrai parcours du combattant, car subissant les pressions familiales.

En 2017, mon travail sur mon dessin continua, et pour satisfaire ma famille, un accord a été  »signé » : «Peu importe l’école où vous me mettrez, peu importe la formation que je devrai faire, je vous assure que je vous apporterai le diplôme ou la certification. En échange, laissez-moi dessiner autant que je le désire.» Et c’est ainsi que j’ai intégré l’institut universitaire Siantou en cycle BTS, travaux publics. La première année, j’ai mis sur pied un projet de BD dont je suis fier encore aujourd’hui : « LES APPRENTIS DE LA MORT » issu de mon précèdent projet « EURAPHONE », et qui donna naissance aussi à mon œuvre principale « NDULU ».


En 2019, « WA MANON » vit le jour. Elle met en scène une mythologie de mon invention. Et en 2020, les premières planches revisitées de « NDULU » virent le jour. En 2021, je commence le projet le plus ambitieux que j’ai initié, avec l’aide d’une amie dessinatrice du nom de MISREL. Il est assez long et foisonnant de personnages haut en couleur, mélangeant mythologie BETI, récit biblique et même faits historiques. C’est un projet que j’avais premièrement nommé «LE ROI ETERNEL» puis «l’EMPEREUR ETERNEL» après relecture de l’histoire.

En 2022, après de nombreux conseils, j’ai pris la décision de segmenter mon œuvre principale «NDULU», car elle-même est assez long, et le premier de ses segments est l’histoire que je dessine actuellement. Elle a pour nom «NDULU : LA SEPTIEME PERLE», puis suivra «NDULU : LES GLORIEUX», «NDULU : LES TRESORS DE L’ESCLAVAGE» et enfin «NDULU» .

Vous faites partie du collectif BDSTARS 237. Comment fonctionne-t-il et quelles sont vos productions à ce jour ?

Le collectif BDSTARS 237 rassemble des auteurs avant tout passionnés par le 9e art, car sans cette passion, il nous est impossible de surmonter les obstacles auxquels nous sommes amenés à faire face. BDSTARS 237 perçoit des cotisations de ses auteurs et tout auteur qui nous présentera des projets que nous jugerons potables après étude, et dès lors, nous pourrons envisager un format physique.

Parmi nos productions, nous pouvons citer :
✓ «MAGICAL WORLD» par ASSONNA NGUIMGO Jean René à 1000FCFA ;

✓ «ANITA» par ASSONNA NGUIMGO Jean René à 1000 FCFA; 

✓ «LA MARMITONE» par ASSONNA NGUIMGO Jean René à 1000 FCFA;

✓ «MBAK ET YEBA» par ASSONNA NGUIMGO Jean René à 1000 FCFA;

✓ «NDULU : LA SEPTIEME PERLE » par OBYC à 1300 FCFA;


Quand on sait qu’illustrer un livre, et en couleur de surcroît, au Cameroun, n’est pas chose aisée, atteignez-vous vos objectifs financiers en proposant les vôtres à de tels prix?

Il faut d’abord comprendre que la BD ne bénéficie pas de la même communication que la musique, le cinéma, la littérature ou d’autres formes d’arts, car la BD, pour certains, c’est pour les enfants; très souvent, on n’en voit pas l’intérêt. Bien sûr, certains apprécient l’initiative et sont même de grands adeptes de la BD. BDSTARS 237 a été créé avec un but premier de vulgarisation de cet art. Pour rentrer dans nos frais, nous n’hésitons pas à communiquer auprès des jeunes, des adultes et même auprès des établissements scolaires – c’est généralement ces derniers qui constituent notre clientèle vu que les prix sont abordables.

Quelles sont pour vous les 05 caractéristiques principales d’une bonne BD ?

Aucun travail n’est facile; encore plus celui d’un auteur, car même si l’on a une idée générale, il faudra encore la développer, choisir le contexte, des thématiques à traiter, des sujets à aborder, le genre à utiliser, la création des personnages, établir les liens avec les personnages, décrire les origines de tous les personnages passés, présents et à venir. Et connaitre tout de ses personnages jusqu’à leur avenir revient à devenir le dieu de son univers. Pour une bonne BD, l’auteur doit tenir compte de ces paramètres scénaristiques primaires. Une bonne BD c’est d’abord:

– La qualité du scenario;
– Les sujets et thématiques exploités;
– La beauté et qualité du dessin (pas obligatoire), car l’art c’est avant tout la variété et la diversité, à mon humble avis;
– La profondeur et la psychologie des personnages;
– Et enfin, l’originalité qui est propre à chaque BD.


Contacts et points vente : Yaoundé (Cameroun) : Terminus Mimboman (en face de l’hôtel); nouvelle route nkoabang, entrée OPEP (après Auberge lune bleue) Contacts utiles: +237698056816, +237696640922, +237650047822



Linelitt’ et les arts



Les 5 questions posées à Ernis, écrivaine camerounaise, Prix Voix d’Afriques 2022


Partie 1
Partie 2

En bonus, la note de lecture de  »Comme une reine » de monsieur Haman Mana, directeur de publication du quotidien camerounais Le Jour, à lire ici https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid02x9vGoi948146KoA2hNBUrtYoJeka4ctC4N6LwNJb21tj4TRn8sdZyvZ4EAt5EbXHl&id=100000588284548



Linelitt’ et les arts

LITTÉRATURE : PABE MONGO : 50 ans au service de l’écriture



Pabé MONGO, de son vrai nom Pascal BEKOLO BEKOLO, est né en 1948 à Doumé, à l’est du Cameroun. Très tôt, il flirte avec l’encre et la plume. Après l’obtention de son Brevet d’Etudes Primaires (B.E.P.) en 1967, il nourrit des envies de reconversion religieuse. Pascal BEKOLO BEKOLO va passer deux années de noviciat pour devenir Frère des Ecoles Chrétiennes. Après ces deux ans, il décide de revenir à sa vie civile et reprend ses études en classe de seconde, au collège de la retraite, à Yaoundé.

Son retour à sa vie civile va marquer son entrain pour l’écriture. Pabe Mongo commence à naître en le jeune Pascal BEKOLO BEKOLO. Il écrit des textes à la volée, les présente sans grande ambition au public, et en 1971, alors qu’il est en classe de terminale A4, son premier texte, un recueil de nouvelles, « Un enfant comme les autres », parait aux Editions CLE. Pabe Mongo va donc désormais exister et être parmi ceux-là qui vont marquer le monde de la litttérature.


Pabé MONGO mène des études essentiellement orientées vers l’écriture et l’enseignement :

Il obtient une Licence ès Lettres Modernes Françaises ; une Maîtrise en Philosophie ; un Doctorat de 3è Cycle en Littérature Négro Africaine, avec une thèse sur Le Nouveau Roman Africain, dirigée par le mythique Pr. Bernard FONLON de l’Université de Yaoundé, codirigée par le professeur Mohamadou KANE de l’Université de Dakar.

Pabé MONGO est dès lors bien armé pour mener de front sa double carrière d’universitaire et d’écrivain. Il est d’ailleurs l’initiateur du programme d’enseignement de la création littéraire à l’université de Yaoundé I et de l’encyclopédie générale du Cameroun.


Bien que l’on ne cite parmi ses œuvres, généralement, que « Père inconnu » et « La Nolica : La nouvelle littérature camerounaise : Du maquis à la cite », Pabe Mongo a une vaste bibliographie variée. Cette bibliographie est riche de trente-cinq (35) œuvres achevées et publiées et de dix-sept (17) manuscrits que notre illustre homme de culture espère voir paraitre un jour. A la question de savoir pourquoi ils n’ont pas encore paru, sa réponse est : « J’ai arrêté de publier quand on m’a demandé de payer. »

Liste non exhaustive des oeuvres de Pabe Mongo

– Un enfant comme les autres : nouvelles, CLE, Yaoundé, 1971
– La Guerre des calebasses, DAEC Coopération, Paris, 1973 (pièce radiophonique)
– Innocente Assimba : comédie en quatre actes, CLE, Yaoundé, 197?
– Le Philosophe et le sorcier, Radio-France internationale, Paris, 1979
– Bogam Woup : allégorie de la mutation, CLE, Yaoundé, 1980
– Tel père, quel fils, Nouvelles éditions africaines, Abidjan, Édicef, Paris, 1984 (littérature jeunesse)
– La Guerre des calebasses : ou Le dixième fiancé de Miriam, Édition Le Flambeau, Yaoundé, 1982 (pièce en trois actes)
– Un totem de plus, Radio-France internationale, Paris, 1985 (pièce radiophonique, 14e concours théâtral interafricain)
– Père inconnu, Nouvelles éditions africaines, Paris, 1985 (littérature jeunesse)
– L’homme de la rue : roman, Hatier, Paris, 1987
– Le roi des manchots, 1993 (théâtre)
– Nos ancêtres les baobabs : roman, L’Harmattan, Paris, 1994
– Le Substitut, Radio-France Internationale, Paris, 1989
– «La disqualification de la nouvelle de l’arsenal littéraire africain pour cause d’inefficacité», Mots pluriels, n° 9, février 1999
– Le livre du monde (voyage en Chine), Édi’-Action, Yaoundé, 2001
– «L’Université des Mutants: une utopie universaliste récupérable ?», Université de Yaoundé 1, Actes du colloque sur Senghor 10 janvier 2002, 2003, PP. 75-82. (ISBN 2-911541-89-8)
– La Nolica : La nouvelle littérature camerounaise : Du maquis à la cité : essai, Presses universitaires de Yaoundé, Yaoundé, 2005
– Jojo la star du kwat : La nouvelle œuvre littéraire camerounaise : Du kwat au palace : essai, Presses universitaires de Yaoundé, Yaoundé, 2009

Pabe Mongo est à ce jour le président de l’Association Nationale des Poètes et Ecrivains Camerounais (APEC) ; membre de la Panafrican Writers Association (PAWA), initiatrice de la journée internationale de l’écrivain africain ; coordonnateur national du pôle littéraire du Cameroun ; etc.

Véritable bibliothèque, du 15 au 17 novembre 2022, nous aurons la chance de célébrer l’immensité de son encre… en sa compagnie.


Sur le plan professionnel

Pabé MONGO occupera tour à tour les responsabilités de :
– Délégué régional de l’information et la Culture de l’Est,
– Directeur Adjoint de la Culture,
– Secrétaire Général du Centre Universitaire de Ngaoundéré,
– Directeur des Affaires administratives et Financières de l’Université de Ngaoundéré,
– Directeur du Centre des Œuvres Universitaires de l’Université de Yaoundé 1,
– Directeur du Centre des Œuvres Universitaires de Yaoundé 2,
– Secrétaire Général de l’Université Catholique de Bertoua.

Et à chaque poste, il a enseigné la création et la théorie littéraire.

Cette disposition socioculturelle lui a permis des distinctions honoriques : la médaille d’Officier du Mérite Camerounais et la médaille de Chevalier de l’Ordre de la valeur.



Quelques témoignages





N’hésitez pas à laisser vos témoignages dans les commentaires.



L’écrivain Pabe Mongo est un bel exemple de passion. Et les années n’ont pas pu ternir cette passion. Aujourd’hui encore, il se soucie de la littérature en Afrique et au Cameroun en particulier. Ayant traversé des décennies de littérature, il est clairement à même de parler de la littérature en Afrique dans son fond et dans sa forme, et d’apporter ou proposer des solutions adéquates, pour une belle émergence de cette dernière au Cameroun et en Afrique.



Pauline M.N. ONGONO, Promotrice de ACOLITT (Agence de Consulting Littéraire)


LITTERATURE : 07 NOVEMBRE 2022 : JOURNEE INTERNATIONALE DE L’ECRIVAIN AFRICAIN, ACTE 30


A l’initiative de l’Association Panafricaine des Ecrivains (PAWA – Panafrican Writers Association), la Journée Internationale de l’Ecrivain Africain (JIEA) est décrétée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) le 07 novembre 1992.

Mise sur pied en 1973, la PAWA contribue à mettre en lumière les difficultés et les perspectives en littérature en Afrique, les écrivain.e.s qui contribuent à l’émergence littéraire de l’Afrique.

Plusieurs écrivain.e.s célèbres comme Birago Diop ou Aminata Sow Fall ont été à la tête de cette association et l’actuel secrétaire général est le docteur Wale OKEDIRAN, auteur de plusieurs livres. L’un des membres, l’illustre auteur camerounais, Pabe Mongo, fêtera d’ailleurs ses cinquante ans d’écriture cette année.


Au cours de cette année, plusieurs écrivaines africaines ont été couronnées dans le monde. De Véronique TADJO en passant par Osvalde LEWAT, Djaïli Amadou Amal, Sara TIMB, ERNIS, Irène EKOUTA, et la liste n’est pas exhaustive, la femme a porté haut l’Afrique.

Un échange initié sur la page Facebook Agence de Consulting Littéraire (ACOLITT) il y a quelque mois posait la question de savoir si la femme était l’avenir de la littérature en Afrique. A cette question, le coach de creative writing et creative reading et directeur de l’académie de littérature ÔNOAN, Ray NDEBI, répondait : « Si l’on se base sur son implication à l’exercice « écriture » et son souci de qualité dans ses textes, on peut aisément dire que la femme est l’avenir de la littérature en Afrique ».

Il suffit d’ailleurs d’écumer les médias pour savoir que la femme africaine en littérature, en 2022, a été innovante sous plusieurs aspects : édition, animation, promotion… Comment ne pas être fier des éditions ADINKRA pour les innovations en édition; les Librairies M’Wina pour les différentes animations autour du livre jeunesse; la bibliothèque 1949 et Femicriture pour les différents échanges autour des écrits de femmes; les éditions Tila Africa pour la plateforme ouverte au polar et au thriller africains; CELI Editions pour ses livres destinés aux enfants vivant avec un handicap ; ASPROBIR pour ses initiatives pour la littérature africaine en France…


Pour porter haut la littérature en Afrique, des hommes et des femmes s’adonnent au quotidien. La réalité est certaine : pour qu’un.e écrivain.e existe vraiment, il faut l’apport de plusieurs maillons, notamment des promoteurs littéraires, peu importe le canal, numérique ou autre.

Le volet « agence littéraire » se fait aussi une place dans la sphère littéraire africaine. Bien que n’étant pas encore vulgarisé, c’est un secteur qui flatte plus d’un… à distance – très peu d’écrivain.e.s s’attèlent à réduire la distance. Sous d’autres cieux, aucun.e auteur.e n’a été élevé.e dans les hautes sphères de la littérature sans accompagnement. Si oui, très peu. L’agent littéraire a ces compétences littéraires, juridiques, psychologiques et sociales pour assumer ce rôle d’ombre qui met en lumière l’écrivain et assure la qualité de ses écrits et de ses compétences. Honneur donc à ce maillon de la chaine du livre de sensibiliser un peu plus sur la chose.


Les tout-petits ne sont pas en reste…

Longtemps oublié ou très peu mis en valeur, le livre pour enfant a désormais le vent en poupe. Des initiatives s’enchainent, pour le plus grand bonheur des tout-petits qui, tout compte fait, sont la graine qui est chargée de porter de bons fruits.

L’année 2022 a vu naître, par exemple, le SALAFEY, Salon du Livre Africain pour Enfants de Yaoundé, un salon qui vise la valorisation des productions littéraires jeunesse afro centrées, dans l’optique de rallier les enfants avec leurs identités et faire connaitre un peu plus les acteurs de ce contexte en Afrique. Il se déroulera du 16 au 18 décembre 2022 à Yaoundé, sous l’initiative de les Librairies M’WINA et l’association littéraire ÔNOAN.

Quelques mois après l’annonce du SALAFEY, le SALIJEY a vu le jour, sous l’égide des Éditions AKOMA MBA; un évènement qui met au devant le livre et la bande dessinée afro-centrés.


Au-delà de ces prix et initiatives, la filière livre en Afrique n’est pas un long fleuve tranquille.

Comment les écrivain.e.s abordent-ils.elles le volet qualité ? Faut-il toujours jeter la pierre à l’éditeur ? L’éditeur joue-t-il vraiment son rôle ? Les ventes peuvent-elles être quantifiées de nos jours ? L’accompagnement des pouvoirs publics est-il effectif ? Les méritants sont-ils primés ? Quelle place accorde-t-on aux jeunes acteurs du livre en Afrique ? Quelle place souhaite occuper les jeunes acteurs du livre en Afrique ?… Autant de questions qui concernent la littérature en Afrique.

Cette année, le monde littéraire a un œil particulier sur l’Afrique. Une belle occasion pour l’Afrique de se poser les bonnes questions en ce qui concerne sa filière littérature. C’est indéniable, elle a un fort potentiel littéraire, mais comment s’utilise ce potentiel ? Comment nourrit-on ce potentiel ?

Les fautes de grammaire ou d’orthographe, la cohérence dans les textes, la construction erronée des personnages… sont des soucis retrouvés dans plusieurs livres produits et écrits en Afrique. Or, tout comme en médecine ou au cinéma, pour être performant dans le 5e art, il faut apprendre, travailler son potentiel et ses textes avec des personnes qui ont déjà fait leurs preuves; accepter les avis des lecteurs, car une fois le livre publié, il leur appartient – tout compte fait, ce sont eux qui achètent les livres, ils sont donc en droit de donner leurs ressentis, avis.

Le prix Neustadt de Boubacar Boris DIOP, le Los Angeles Times de Véronique TADJO, le Susan Smith Blackburn de Benedict LOMBE, les nombreuses distinctions de Djaili Amadou Amal… ne leur ont pas été attribués sous les bonnes grâces de ce regard du monde. Le travail pour la solidification du potentiel y est pour beaucoup.

L’Afrique a eu l’occasion de montrer, si besoin était encore, ce qu’elle vaut en littérature. Nous souhaitons encore plus de sacres et surtout encore plus de conscience sur le rôle éducatif des livres. En outre, la collaboration doit être regardée avec grand intérêt pour l’évolution de la littérature en Afrique. Quitte à copier les valeurs extérieures, autant copier aussi cet aspect.



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Stéphanie TCHOUA : Une entrepreneuse camerounaise qui écrit.



Paru en 2020 aux Éditions de Midi, «J’apprends, j’entreprends» de Stéphanie TCHOUA est une sorte de Bible pour le jeune entrepreneur et pour toutes ces personnes, peu importe l’âge, qui sont intéressées par le secteur de l’entrepreneuriat.

Dans ce livre, Stéphanie TCHOUA parle non seulement de son expérience, mais aussi de différents pans de l’entrepreneuriat. Les femmes, les hommes, les jeunes, les retraités sont tou.te.s concerné.e.s.

Nanti de neuf (09) chapitres, «J’apprends, j’entreprends» va au-delà de la théorie, il pose par écrit la pratique de la chose entrepreneuriale; l’auteure a d’ailleurs, en première partie, fait une mise en bouche par son expérience personnelle. Une expérience jalonnée d’embûches, d’échecs, de réussites… de résilience.

«J’apprends, j’entreprends» est disponible auprès de l’Agence de Consulting Littéraire (ACOLITT) au +237 690195126 ou acolitterature@gmail.com



Linelitt’ et les arts

Les 5 questions posées à Stéphanie TCHOUA, auteure et entrepreneuse camerounaise.


«On assiste partout à une révolution entrepreneuriale, et à mon humble avis, l’entrepreneur africain est le plus résilient et le plus courageux.»


Bonjour, Stéphanie TCHOUA et merci de nous accorder votre temps.

Vous êtes une femme entrepreneur et une auteure camerounaise. Que pouvons-nous savoir de plus ?

Je suis aussi promotrice artistique et culturelle, fondatrice et directrice de publication d’un magazine, «CROSS TRENDS», sur lequel je travaille en ce moment. J’aime l’agriculture, les relations humaines, c’est ce qu’on a de plus cher.

Vous commettez votre premier livre en 2020, «J’apprends, j’entreprends», aux Editions de Midi, au Cameroun. Pour vous, que signifie être un.e entrepreneur(seuse) ?

Un entrepreneur, c’est cette personne ambitieuse qui prend le risque de se lancer dans une aventure inconnue; cette personne qui a décidé de prendre le contrôle de sa vie, de ce qu’elle voudrait accomplir et offrir aux autres; cette personne qui engage à la fois sa personne, son temps, son énergie, ses finances, pour créer une affaire; cette personne qui manque parfois d’expérience, mais n’hésite pas à prendre des risques pour monter son entreprise. 

Nous rencontrons plusieurs livres qui traitent de l’entrepreneuriat, quel est votre objectif à travers ce livre et comment peut-on l’avoir ?

Déjà, l’envie de partager mes expériences, d’informer sur certaines techniques entrepreneuriales et encourager ceux qui aspirent a se lancer dans l’aventure.

Pour l’avoir, vous pouvez contacter l’agence de Consulting Littéraire – ACOLITT au +237690195126 ou acolitterature@gmail.com. Il coûte 5000 FCFA.

Qui dit « Jeunesse » dit « Sensibilité sociale », pensez-vous qu’il est évident d’entreprendre en
Afrique, vu le contexte pas toujours favorable sur le plan financier ?

On assiste partout à une révolution entrepreneuriale, et à mon humble avis, l’entrepreneur africain est le plus résilient et le plus courageux. Ces capacités déjà sont aussi des ingrédients majeurs pour réussir dans la creation d’entreprise. Je conviens avec vous que c’est pas toujours évident d’avoir des financements ou des crédits ou même des aides. Etre entrepreneur, c’est envisager de s’exposer à une multitudes de difficultés entre autres financiers. Des astuces comme trouver des associés ou business angels pour financer son projet restent possible. Et comme je le dis toujours: «Il faut commencer avec ce qu’on a dans les mains; ce n’est jamais petit.»

Quels sont vos cinq conseils aux jeunes aspirant à l’entrepreneuriat ?

Pour réussir à conférer de solides fondations à votre entreprise :
Il est très important de forger sa motivation, car créer une affaire s’apparente à un parcours d’obstacles. Ils doivent donc avoir une forte motivation, cultiver la confiance en soi…

Definir la valeur ajoutée de votre projet. Qu’il soit pour répondre à un besoin ou alors innovant, il doit y avoir un plus qui vous démarque.

Effectuer une vraie étude du marché. Evaluez la concurence. 

Evaluez votre besoin en financement. Ne comptez pas vivre de votre entreprise avant un certain temps.

 ✓ Prenez des risques. L’entrepreneuriat n’est jamais un long fleuve tranquille. Soyez prêts à faire des choix risqués, mais
potentiellement gagnants.



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